Qualifiée de médecine holistique et alternative en Europe et de médecine oxydative aux Etats-Unis, l’oxygéno-ozonothérapie est un domaine de la médecine basé sur l’utilisation d’un mélange oxygène/ozone comme moyen thérapeutique. La première publication sur l’ozone en médecine, « Uber Ozenbenhandlung in der chirurgie », date de 1935.
“Avec la collaboration du Pr Khalid EL Yamani
Spécialiste en anesthésie réanimation, médecine d’urgence, traitement de la douleur et ozonothérapie – Hôpital Cheikh Khalifa Casablanca”
Gaz que l’on trouve naturellement et abondamment dans la stratosphère et dont la couche protège la surface de la terre des rayons nocifs du soleil comme les ultraviolets, l’ozone a d’autres vertus, dont celle notamment de s’attaquer aux microbes et d’accélérer la cicatrisation. Ce composé chimique formé de trois atomes d’oxygène a d’ailleurs été utilisé pendant les Première et Deuxième guerres mondiales pour traiter les blessures de guerre. « La particularité de l’ozone est de posséder un électron libre négatif qui est à l’origine de la modification des molécules toxiques telles que les bactéries, les parasites, les virus… », explique le Pr Khalid El Yamani, spécialiste en ozonothérapie. Concrètement, lorsque l’ozone entre en contact avec un organisme comme une bactérie, le mécanisme d’oxydation des phospholipides et lipoprotéines perturbe l’intégrité de la membrane cellulaire par la formation de petits trous. Ce phénomène, appelé « éclatement oxydatif », est dû à la collision des molécules d’ozone avec la paroi cellulaire qui se répète des milliers de fois en quelques secondes. Il finit par provoquer la destruction de la paroi cellulaire et la mort de la bactérie.
D’autres effets thérapeutiques
Mais l’action anti-microbienne n’est pas le seul effet thérapeutique de l’oxygéno-ozonothérapie. En effet, en fonction de son dosage et de son mode d’administration, l’ozone, par inhibition de la synthèse de l’acide arachidonique et des prostaglandines, possède des propriétés anti-inflammatoires. Il a également un effet anti douleurs aussi bien sur les douleurs neuropathiques par diminution de la synthèse des médiateurs de la douleur que sur les douleurs articulaires en initiant la libération des facteurs de croissance qui interviennent dans la réparation des lésions articulaires, tendineuses et ligamentaires d’origine arthrosique. L’ozone est par ailleurs cité pour améliorer la vascularisation périphérique (meilleure rhéologie des globules rouges, effet vasodilatateur, apport et libération d’oxygène), augmenter la sécrétion de l’interféron et de la Tumor necrosis factor, ralentir la division des cellules néoplasiques, stimuler le cycle de Krebs et améliorer le métabolisme des protéines.
En fonction de la dose utilisée, l’ozone a également pour effet de stimuler ou bien d’inhiber la réponse immunitaire. Il induit la libération et l’activation de cytokines qui activent à leur tour des cellules immunitaires. A faible dose, l’ozone est immuno-stimulant et utilisé notamment en cas de défaillance du système immunitaire. A dose moyenne, il est immuno-modulateur et antioxydant. Enfin, à forte dose, il est immuno-inhibiteur.
Différents modes d’administration
Selon le mode d’administration et la dose, l’oxygéno-ozonothérapie est essentiellement indiquée pour son action antalgique et anti-inflammatoire, pour son action anti-infectieuse, son action anti-âge et dans le cadre des troubles circulatoires et des maladies dégénératives et auto-immunes. Les injections péridurales, par exemple, sont principalement préconisées dans le traitement des hernies étagées. Les injections sous-cutanées permettront de soulager les douleurs à l’épaule ou au cou…, le bagging est indiqué pour les ulcères gangréneux. Pour soulager les céphalées, les troubles circulatoires ou métaboliques, la technique de la grande auto-hémothérapie, qui consiste à prélever le sang du patient pour le mélanger à l’ozone avant de le réinjecter, a montré son efficacité. Mais quelle que soit la technique utilisée, il est essentiel de faire appel à un professionnel formé qui maîtrise les protocoles d’administration de l’ozone. De faibles concentrations d’ozone sont en effet suffisantes pour avoir un impact considérable sur la cellule. Il est également important de tenir compte des contre-indications qui sont le déficit en G6-PD, l’hyperthyroïdie, les convulsions, une pancréatite, un état cardio-vasculaire instable et le premier trimestre de la grossesse.
Trois questions
au Pr Khalid El Yamani
Comment avez-vous découvert l’oxygéno-ozonothérapie ?
J’ai dans ma famille une personne proche qui souffrait régulièrement de migraines et d’un zona ophtalmique. Au cours de mes nombreux échanges autour de la difficulté de prise en charge de son cas, des amis m’ont parlé d’un professeur spécialisé en oxygéno-ozonothérapie en Italie. Je l’ai rencontré, j’ai suivi la formation qu’il proposait et j’ai acquis le matériel nécessaire pour permettre à cette personne de bénéficier de cette thérapie. Elle a été en quelque sorte mon cobaye mais elle ne le regrette pas car depuis trois ans qu’elle suit le traitement, ses migraines ont disparu.
Peut-on considérer l’oxygéno-ozonothérapie comme un traitement à part entière ?
L’oxygéno-ozonothérapie ne remplace pas le traitement classique pour une pathologie donnée. Il s’agit d’une thérapie qui peut venir en complément d’un traitement pour atténuer les symptômes de la maladie. Parmi les patients que je reçois en consultation, deux d’entre eux sont atteints de polyarthrite rhumatoïde et sont traités avec du méthotrexate. Les séances d’oxygéno-ozonothérapie viennent en complément et ont permis d’atténuer l’intensité des poussées qui se sont également plus espacées. Un autre de mes patients suit une cure de chimiothérapie dans le cadre du traitement de son cancer. Les séances d’oxygéno-ozonothérapie lui permettent de récupérer plus rapidement après une cure et le taux de leucocytes remonte plus rapidement également.
Comment fabrique-t-on l’ozone médical ?
Pour produire de l’ozone, il faut de l’oxygène et de l’énergie. L’ozone à usage médical doit toujours être préparé sur le lieu d’utilisation car il s’agit d’une molécule instable qui a tendance à se décomposer rapidement. Sa demi-vie est courte. De plus, l’utilisation de l’ozone en médecine obéit à des règles strictes. Les différences entre les doses nécessaires pour obtenir l’effet escompté et son opposé sont parfois minimes. Il est donc nécessaire de bien connaitre la dose optimale pour obtenir l’effet thérapeutique escompté. Il existe des doses thérapeutiques d’ozone inefficaces et d’autres qui sont toxiques. Il a été démontré que des concentrations de 10 à 50 µg/ml, voire moins, ont un effet thérapeutique à large marge de sécurité, au point qu’aujourd’hui on admet des concentrations thérapeutiques pouvant aller de 5 à 60 µg/ml. Ce taux varie selon les applications techniques locales et systémiques. Il convient de souligner que chaque voie d’administration doit respecter un dosage tant minimal que maximal. Il est donc nécessaire d’être équipé d’un générateur d’ozone qui dispose d’une cellule photo électrique permettant un dosage précis de l’ozone délivré.
Références - Ozone. A new medical drug.pdf - FRANZINI ozone-therapy-in-back-pain-disc-herniation.pdf - Déclaration de Madrid.pdf - Ozone in Medicine: The Low-Dose Ozone Concept—Guidelines and Treatment Strategies - WFOT's Review on Evidence Based Ozone Therapy